Démarches artistiques
Anna Zviebel développe une pratique plastique autodidacte, née d’un besoin profond de matérialiser ce qui la traverse — sensations, images mentales, élans intérieurs.
La création n’est pas son unique activité, mais elle en constitue une dimension essentielle, un mode d’existence parallèle qui donne forme à une part de son monde intérieur.
Anna s’intéresse à ce qui échappe aux normes, aux lignes droites, aux catégories établies. L’art est pour elle un terrain fertile pour explorer ce qui déborde, ce qui dérange un peu la logique ordinaire : le flou, l’étrange, l’absurde, le sensible, le décalé. Elle ne cherche pas à représenter le réel, mais à lui faire un pas de côté — parfois tendre, parfois ironique.
Son travail évolue dans une démarche intuitive et sensible où elle répond à une nécessité intérieure.
Un goût marqué pour les reliefs et l’abstraction l’a conduite à expérimenter la matière de manière directe et libre. Elle emploie notamment la colle thermoplastique, un matériau non noble, mais détourné avec inventivité, pour créer des textures en relief sur des supports peints à l’acrylique. Une impulsion la pousse à faire surgir des formes instinctivement, sans préméditation formelle.
Sa première série, Morphogenèse, interroge les formes biomorphiques et les textures organiques, à mi-chemin entre l’infiniment petit et le cosmique. Ce travail de matière en expansion l’a naturellement conduite vers une obsession : le cerveau.
Structure complexe et fascinante, il est devenu un motif central qu’elle décline sous des formes variées, abstraites ou incarnées, à la frontière du mental, du sensoriel et de l’imaginaire.
Plus tard, un autre sujet s’est imposé à elle : l’œuf. Détaché de sa coquille et de ses fonctions attendues, et même de son origine, il devient un motif récurrent dans son travail.
Par sa forme pleine, son potentiel symbolique et son étrangeté assumée, il ouvre un terrain de jeu qu’elle investit avec intensité.
Ses œuvres prennent racine dans des sensations, des intuitions, des fulgurances — mais elles finissent souvent par dessiner une constellation cohérente : un univers plastique qui reflète, d’une manière indirecte, sa manière d’être au monde.
Entre abstraction, surréalisme discret et ironie douce, Anna Zviebel façonne un langage plastique personnel — une invitation à regarder ailleurs, autrement.