” Morphogenèse “
Les matières cherchent à devenir
Cette série interroge la frontière entre l’artificiel et l’organique, entre le minuscule et l’immense — elle explore l’essence du vivant à travers des formes biomorphiques.
L’artiste y développe une recherche autour du relief, du flux, de la forme organique, de la structure paysagère et de ce qui circule dans l’espace sans toujours se montrer : vibrations, fragments, matières en suspens.
Sa pratique est sensorielle et instinctive, centrée sur la matière et le mouvement intérieur. Elle explore ce qui palpite, ce qui rampe, ce qui pousse — une nature intérieure, artificielle mais viscérale.
Elle utilise la colle thermoplastique, un matériau industriel souvent perçu comme pauvre, sans noblesse. Mais c’est précisément dans cette humilité qu’elle puise sa force : matière brute, fluide, ambivalente, qu’elle détourne de sa fonction utilitaire pour en révéler les qualités expressives. Elle en fait un médium plastique à part entière, capable de capturer l’instant d’un geste, de figer un rythme, de faire exister la forme dans sa tension. Le flux devient structure ; la trace devient pulsation.
Le pistolet à colle devient le prolongement de son bras : elle trace en relief, à l’instinct, sans filet. Le résultat se trouve entre le hasard et la maîtrise. C’est un équilibre entre le geste jeté et le désir d’une forme qui claque. Des formes montent à la surface. Un organisme naît.
Ces lignes tracent des cartographies sensibles : proliférations, réseaux, ramifications, veines, nœuds, tensions. Elles évoquent autant des structures internes qu’un territoire vu d’en haut, ou encore des forces diffuses inscrites dans l’air et le vide.
Elles donnent au support un relief tactile, presque vivant. L’acrylique, appliquée par couches successives, vient colorer ces pulsations, les faire vibrer, les transformer en textures animées — comme autant de sols mouvants, suspendus entre réalité terrestre et territoire cosmique.
C’est aussi une tentative de rendre visible ce qui ne l’est pas, de faire naître à la surface ce qui d’ordinaire traverse le monde sans s’imprimer. Une vibration discrète, une matière latente, une densité invisible qui trouve soudain un corps.
Parfois, l’œil oscille entre ce qui pourrait être une cellule, une coupe anatomique, une formation céleste ou une particule transparente.
Entre le minéral et le végétal, entre le visible et l’invisible, entre l’intime et l’infini, une force mouvante se manifeste.